Printemps, le feu vert…
Saison rêvée des naturalistes, le printemps donne le départ des belles journées d’observations tant appréciées des amoureux de la nature.
Un arbre fruitier ouvre le bal et répand autour de lui grâce à ses fleurs blanches une odeur sucrée agréable, et pourtant, tellement contraire au goût amer de ses fruits sauvages. La curiosité ne rime pas, pour l’homme des bois, avec un vilain défaut. Ce qui lui permet d’ailleurs d’en croiser certaines sur son chemin, des curiosités... comme cet oiseau qui se prend pour un serpent ! Aux abords des champs, les fleurs parsèment des touches de couleurs de-ci de-là, comme le rouge « crête de coq » par exemple. Est-ce simplement pour notre plaisir ou bien cela a-t-il à voir avec le retour des insectes ? Faut-il continuer du reste à les dénommer « petites bêtes » lorsque l’on sait qu’il en est des relativement grands ? Tiens, voilà encore une singularité méditerranéenne…
Si le printemps donne du piquant aux journées des botanistes, des ornithologues ou des entomologistes, confirmés comme amateurs, c’est aussi le moment pour un petit mammifère d’étirer les siens et de remettre le bout de son museau dehors !
La douceur de l’amande…
Un amandier en fleur, l’hiver prend fin… Il est effectivement le premier arbre fruitier à fleurir, Prunus dulcis pour la variété domestiquée et la douceur de son amande obtenue après croisement et sélection du Prunus amygdalus, variété sauvage. Celui du regretté Georges Brassens ne devait pas être de cette dernière sinon la belle demoiselle venue se délecter de ses amandes ne lui aurait certainement pas payé son dû comme le dit la chanson…l’amertume l’aurait rapidement chassée des branches de celui-ci. La floraison précoce de cet arbre requiert des hivers doux comme peut l’offrir notre climat méditerranéen et c’est pourquoi cette essence se développe bien sur notre territoire. A noter que la France produisait encore en 1990 plusieurs milliers de tonnes d’amandes. Même si aujourd’hui l’amandiculture n’est plus ce qu’elle était, l’arbre reste un élément structurant de nos paysages tant visuellement qu’olfactivement. Comme disait l’autre, c’est un vieil arbre tordu planté au milieu…de chez nous.
Le langage des fleurs
8 ans de mariage, nous célébrons ici les noces de Coquelicot… profitons-en pour dresser le portrait de cette jolie fleur. Son nom tout d’abord, Coquelicot (Papaver rhoeas) est à mettre sur le compte de notre très cher Coq et de la couleur rouge de sa crête, que l’on appelait en vieux français coquerico. On dit de celui-ci qu’il fait partie des plantes messicoles. Cela signifie que nous pouvons l’admirer aux abords des champs cultivés. Enfin, c’est tout relatif puisque les herbicides employés en céréaliculture le mettent malheureusement à mal... Alors que son usage et ses bienfaits sont multiples : alimentation, cosmétique, herboristerie … ! Bien sûr c’est un digne représentant de la famille des pavots et il possède par conséquent des vertus narcotiques. Ce n’est pas pour rien qu’il est le symbole de Morphée…Dieu des rêves et du sommeil chez les Grecs ! Mais sa symbolique est encore plus forte et nous rappelle ceux tombés au combat lors de la première guerre mondiale. Les coquelicots poussaient sur leurs sépultures et le long des tranchées.
Sauterelle, baguette magique et « Amplificatum ! »
Pendant les vacances de printemps, discussion entre deux enfants, l’un d’ici et l’autre de la région parisienne :
« Oh piche, chez nous, dans la campagne, les sauterelles elles font plus de 10cm de long ! »
« Ah bon ?!... Pff vous les sudistes vous êtes toujours enclins à l’exagération. »
Et bien que nenni ! Une fois n’est pas coutume certes, mais cette fois ci c’est bien vrai ! Et même, cette fameuse sauterelle est la plus grande d’Europe et du groupe des orthoptères au passage. La Magicienne dentelée (Saga pedo) mesure en moyenne à l’âge adulte 11cm, 7 pour son corps et 4 pour son ovipositeur (organe en forme de sabre lui permettant de déposer ses œufs dans le sol). C’est bien sûr de la femelle dont il s’agit ! Mais comme elle n’a pas besoin de mâle pour se reproduire et qu’elle ne pond que des œufs qui donneront naissance à des femelles, les mâles sont tout simplement inconnus en Europe de l’ouest. Et toc !
Pour ne pas s’y piquer ? Ne pas s’y frotter… !
« Hérisson tout hérissé, montre-moi ton petit nez ! Hérisson tout hérissé, n’a pas voulu le montrer ! A roulé sur sa boule, roule, roule, roule… Hérisson tout hérissé, m’a fermé sa porte au nez ! »
Une comptine pour enfants qui en dit long sur la capacité du Hérisson d’Europe (Erinaceus europaeus) de se protéger contre ses prédateurs. C’est un important muscle peaucier qui lui permet de se maintenir en boule sans fatigue et ce pendant toute la durée nécessaire à sa survie. Cette position n’intervient qu’en cas d’extrême danger et succède à une série d’étapes préliminaires : redressement des piquants, abaissement de la tête, mise en boule partielle et enfin la mise en boule totale avec la protection de la tête. Il est alors difficile de « débouler » le tout ! Sauf si vous êtes un Blaireau (Meles meles). Ce dernier est le seul animal connu, capable de cet exploit.
Hérisson des champs ou bien des villes, ce petit mammifère attendrissant ne manque pas, comme l’on dit, de piquant(s)… C’est normal, il peut en avoir jusqu’à 6000 sur son dos !
Malheureusement cette espèce est aujourd'hui fortement menacée par nos voitures, qui sont leur premier prédateur... Alors durant vos trajets nocturnes ouvrez bien l'oeil, levez-le pied et prenez soin de l'éviter !