Ivèrn*… is coming !

L’hiver serait-il le synonyme d’une saison morte pour les observateurs amoureux de la nature ? Peut-être dans les contrées plus nordiques, et encore, mais l’hiver méditerranéen quant à lui avec sa rigueur toute relative, offre d’innombrables occasions de rencontres naturalistes. En effet, les mammifères herbivores n’éprouvent nullement le besoin d’hiverner, les insectes bourdonnent encore fort longtemps à la faveur des douces journées ensoleillées, les oiseaux « du coin » chantonnent à nos oreilles mais surtout pour celles de leurs congénères venus profiter de notre bon climat et les belles plantes fleurissent précocement pour nous annoncer la fin de la froidure. Bien qu’il faille quand même se méfier ! Le piquant du gel peut toujours se rappeler de venir figer nos paysages et ce aux dépens des animaux sauvages les moins réactifs : « Janvier n’est pas bâtard : Si l’hiver ne vient tôt, il vient tard. » **

Quoi qu'il en soit, ici l'hiver apporte toujours avec lui de sublimes lumières... Les levés de soleil brumeux, tout particulièrement, feront de chaque observation un moment unique !


*Hiver en Langue d’Oc
** Gabrielle COSSON, Inventaire des dictons des terroirs de France, Tours, Larousse, 2003, 383 p.

Le lapin en prend un coup…

« En mars, froid le matin, à l’auge conduit le lapin. »* Même si ce dicton nous parle du dernier froid de l’hiver qui pousse les femelles allaitantes de nôtre gentil Lapin domestique (Oryctolagus cuniculus domesticus) a sevrer leurs lapereaux pour économiser de l’énergie, les conditions de vie du Lapin de garennes sauvage (Oryctolagus cuniculus) sont bien plus rudes. En effet, une forte modification de son biotope couplée à des épidémies animales ravageuses comme la myxomatose déroulent sous ses pattes le triste tapis rouge des espèces quasi menacées d’extinction. Il est d’ailleurs bien difficile aujourd’hui d’observer ce mammifère sur notre territoire. Une gestion raisonnée et réfléchie en termes d’aménagement du milieu et de pratique cynégétique mieux adaptée, pourrait cependant inverser la tendance et cela serait de plus, bénéfique à l’écosystème naturel dans son ensemble.

* Gabrielle COSSON, Inventaire des dictons des terroirs de France, Tours, Larousse, 2003, 383 p.

Un « cul blanc » dans les romarins…

C’est au début de l’hiver, à la faveur de l’une de ces belles journées où le soleil brille sans trop chauffer que j’ai pu l’apercevoir, furtivement, du coin de l’œil, son « petit cul blanc » remuant d’une fleur à l’autre. Mais de qui s’agit-il ? Tout simplement du Bombus terrestris ou si vous préférez du Bourdon terrestre caractérisé par la bande blanche à la base de son abdomen, ce qui lui a valu son petit surnom. Cet insecte pourrait bien être la solution pour lutter contre les conséquences de l’effondrement des colonies d’Abeilles domestiques (Apis mellifera). C’est un pollinisateur efficace et robuste, infatigable de l’aube jusqu’au soir et même à basse température ! Bien que lui aussi soit sensible aux insecticides, il semble mieux tirer son épingle du jeu que sa célèbre cousine. Et cela dit, même s’il fait partie de la famille, ne comptez pas sur lui pour vous régaler d’un bon miel. Tout bourdon qu’il est, ce n’est pas son genre !

Ce doux chant hivernal…

Les sites spécialisés, en parlant du chant du Rougegorge familier (Erithacus rubecula), nous expliquent que : « C'est une suite de notes sifflées et roulées, de tonalité élevée, comme un babil doux et liquide, qui semble couler naturellement au long d'une phrase continue.»*

Et bien oui, c’est tout à fait ça ! Mais cela dit, il faut avoir un peu l’oreille musicale pour l’apprécier de la sorte. Par contre ce qu’il est intéressant de noter c’est que ce chant, poussé en hiver, ne sera pas tout à fait le même qu’en été. Il va s’adoucir encore ! Mais me direz-vous, pourquoi les mâles chantent-ils en hiver ? Bonne question ! c’est tout simplement pour délimiter leur territoire face à certains individus venus du nord de l’aire de répartition de l’espèce pour passer l’hiver au chaud chez nous. Contrairement aux Rougegorges « sudistes » qui eux sont sédentaires.  Ce qui est vraiment agréable c’est d’entendre ce chant en sortant de chez soi le matin, juste avant de prendre sa voiture pour aller travailler. Une façon plutôt agréable de commencer sa journée !

*www.oiseaux.net/oiseaux/rougegorge.familier
Photo : © Agnès Poirot 

Les orchidées sauvages pour les nuls…

Si tant est que vous soyez à minima motivé par la botanique, vous admettrez que s’attaquer à cette vaste famille que représente les orchidées n’est pas une mince affaire. Surtout qu’une orchidée peut facilement en cacher une autre par l’inévitable jeu des croisements.

Alors quoi de mieux que de commencer par l’une des plus faciles à observer qui de plus, est aussi l’une des plus précoces à fleurir ! Je vous propose donc de vous lancer dans cet univers végétal merveilleux en découvrant la Barlie de Robert (Himantoglossum robertianum).

Typiquement méditerranéenne, elle déploie ses fleurs rose-pourpres dès le mois de février sur des milieux herbeux ou boisés. Du haut de ses parfois 60 cm, elle se repère vite. Ses grandes fleurs vous permettront de détailler aisément chaque partie de leur anatomie et ainsi de vous familiariser avec  la terminologie spécifique à ces belles plantes : le labelle, le casque, l’éperon, l’ovaire… Autrefois protégée elle ne l’est plus aujourd’hui. Une bonne nouvelle qui nous invite à considérer avec encore plus de respect l’ensemble du vivant sur notre territoire.

Le seigneur des eaux saumâtres…

Difficile de dissocier les deux ! Lorsque l’on parle de l’un, l’autre est forcement là ! Le premier est parfaitement adapté au second et le second est indispensable au mode de vie du premier. Respectivement il s’agit du Flamant rose (Phœnicopterus roseus) et de son milieu de vie, la lagune méditerranéenne. Ce type d’étang constitué d’eau mi-douce/mi-salée offre à ce bel oiseau le gîte et le couvert. Avec ses longues pattes notre compère peut facilement s’y déplacer pour gagner le centre et se mettre par exemple à l’écart d’un éventuel prédateur. Son cou d’une exceptionnelle longueur lui permet de fouiller la vase même sous plusieurs dizaines de centimètres d’eau à la recherche des crevettes qui constituent l’essentiel de son régime alimentaire.  Mais gare aux hivers trop rigoureux ! Il suffit de quelques degrés en dessous de zéro pour que les lagunes gelées soient inaccessibles et si les oiseaux ne réagissent pas assez tôt pour voler vers des lieux plus propices, l’issue peut malheureusement s’avérer fatale pour eux.